Il y a environ un mois dans l'article "États-Unis : Prescrire un médicament équivalent 40 fois plus cher pour faire de l'argent" j'évoquais une enquête du Washington Post sur les dérives de l'industrie pharmaceutique qui exploitait des failles dans Medicare. Aujourd'hui, le Washington Post évoque encore une fois une dérive inquiétante : la construction actuelle de Medicare agit comme une incitation financière pour les centres privés de soins palliatifs à frauder sur l'état réel des patients et à apporter des soins plus longs à des personnes qui ne sont pas en fin de vie.
The proportion of patients who were discharged alive from hospice care rose about 50 percent between 2002 and 2012, according to a Post analysis of more than 1 million hospice patients' records over
L'enquête se base sur l'analyse de données officielles provenant de l'État de Californie (qui rend ces données publiques) ainsi que sur des informations provenant de l'organisme public en charge de la surveillance du programme Medicare (et Medicaid), MedPAC. En voici les principaux enseignements :
- Aux États-Unis, les hospices (soins palliatifs) fonctionnent ainsi : Deux médecins délivrent un avis "certifiant", de manière raisonnable, que la personne ne survivra probablement pas plus de six mois. Les centres de soins palliatifs accompagnent ensuite les patients, les traitements fournis cherchent à améliorer son confort et pas à lui trouver un remède.
- Depuis 10 ans (2002-2012), le nombre de personnes qui sortent "vivantes" de ces soins a augmenté de 50%, la durée de traitement des patients a énormément augmenté et le bénéfice par personne à quintuplé. Les personnes restent en moyenne 1 mois de plus dans les "hospices à but lucratif" que dans ceux à but non-lucratif.
- Le fonctionnement de Medicare, incite l'industrie des hospices a faire le forcing pour amener plus de patients en "bonne santé" dans les hospices. Leur coût est inférieur à ceux des patients en fin de vie et ils touchent plus d'argent si la durée de traitement est longue.
- Les médecins qui délivrent l'avis initial n'ont pas nécessairement d'incitation financière directe pour "frauder" sur la durée estimée de survie. Néanmoins cela est tempéré par plusieurs éléments :
- La campagne marketing des hospices privés pour convaincre les familles de faire traiter leurs proches indépendamment de l'avis.
- Des liens professionnels avec les hospices privés.
- L'incertitude à déterminer précisément la fin de la durée de vie.
- Le réexamen périodique de la durée de vie "estimée" est confié aux médecins des hospices privés. - Les hospices fourniraients des soins "non-nécessaires" à certains patients pour prolonger leur durée de vie.
- Depuis 5 ans, le groupe de surveillance demande à ce que cette incitation financière sois supprimée, sans effet sur le Congrès et l'Assurance Maladie.
- Le programme a commencé en 1983. En 2000, l'assurance-maladie a dépensé 2,9 milliards de dollars sur les prestations de soins palliatifs. En 2012, ce chiffre a été multipliée par cinq, à 15,1 milliards de dollars. // En 2000, la part des organismes lucratifs dans le secteur n'était que de 30%, désormais elle est de 60% (avec une part plus importante de patients)